SOUS LA MINE

FREEMAN // Sorti le 9 mai 2017

[…] « J’ai voulu revenir aux racines. Le hip-hop a changé par rapport à internet, on ne parle que de buzz et plus de musique… De tout ça m’est venu une image : avec Le Rat Luciano à La Friche, il y avait plein de stylos sur la table. Un stylo et des feuilles, on a perdu ça. Les mecs ont leurs textes dans le portable. Moi il me faut mon papier et mon stylo. À Marseille, quand on dit qu’on va charbonner, c’est exactement ça. Et on vient de sous la mine, d’en bas, de la rue. On est des travailleurs de fond du hip-hop ».

Pour la conception sonore de Sous La Mine, Freeman retrouve Shuko, un producteur avec qui il avait collaboré en 2012 sur son album Phoenix. Pour les textes, Freeman va puiser au plus profond de lui-même. Il fait ressortir ses émotions, ses joies, ses colères aussi. « Éprouvé » décrit l’état d’esprit d’un MC qui a connu le pire mais qui sait que c’est aussi dans l’adversité que se forge un homme. Dans « Ils Ne Savent Pas », il évoque les gens du business : « Plein d’entre eux m’ont tourné le dos, j’étais le vilain canard. Mais ma passion ne s’est pas arrêtée. Je tiens le gouvernail de ma vie, et je crois en mes rêves ».

Les titres forts abondent : « Degun Me Guide », « J’Ai Voulu La Vie » featuring l’artiste de dancehall marseillais Loic, « N’Oublie Pas » avec Sheir (qui fit partie du crew Beretta avec Le Rat Luciano). Sur « Manque De Confiance », Freeman fait son autocritique. « Quand tu reviens dans l’ombre, certains trouvent un malin plaisir à te rabaisser. Ces gens-là sont jaloux, et je me suis retrouvé dans cette situation. J’ai vécu des étapes très dures. Si on n’a pas confiance en soi, si on écoute ceux qui vous rabaissent et vous ferment les portes, on coule. Un jour, un directeur artistique de 27 ans m’a posé comme première question “Vous avez quel âge ?” Il ne savait même pas que j’avais sorti un album disque d’or en une semaine, et en plus il ne me demande pas sur quoi je travaille mais quel est mon âge ? Quand tu es de l’autre côté du miroir, ça fait mal. Ça pousse à perdre confiance, et j’en connais qui ont lâché ». Pas Freeman.

Inlassablement, le MC de Mars creuse son sillon, renoue avec son concept rap-raï sur « Le Temps Manque » (feat le raï man Yaseen), invite le rappeur belge Osir sur « Laisser » et le Polonais Palutche sur « Le Goût Du Sang ». Et puis, en clin d’œil à son idole Bob Marley, le Free réarrange un de ses classiques du reggae sur « Les Sans Dents » featuring Rehz, un toaster canadien installé à Marseille. Enfin, « Je Suis Loin », dont l’instrumental est basé sur un sample utilisé par Jay Z, est comme le cri du Free : « J’ai voulu parler aux gens qui croyaient que j’étais mort, tombé dans une bataille. Je suis toujours là ».

Libre et indomptable, Freeman trace la route, MC indestructible détenteur d’une science des mots qu’il partage avec ses supporters.

Sous La Mine est le nouveau témoignage de son engagement, de son talent, de sa passion.

Olivier Cachin

 

Conception de la pochette et des visuels: Julius Fou